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Château de Castelnaud

Des pièces d'exception

Certaines pièces exceptionnelles présentent dans les collections du château apparaissent immédiatement comme telles, d'autres en revanche sont plus difficiles à déceler pour un œil non exercé. Dans certains cas, il s'agit d'objets issus de fouilles, et présentant donc un aspect moins attrayant que des pièces en parfait état de conservation. Dans d'autres cas, il s'agit de types d'objets peu connus du grand public. Découvrez ici quelques-unes de ces pièces dont l'aspect est parfois moins impressionnant en apparence.

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Salade (ARM-2019-020)

Cette salade accuse aujourd'hui le passage du temps, avec sa surface entièrement recouverte d'anciennes traces de corrosion. Cependant, un examen attentif révèle qu'elle a été réalisée de main de maître. Outre une facture soignée et élégante, on peut relever que les bourrelets à la base du casque sont de forme triangulaire, nettement plus difficile à réaliser qu'un simple bourrelet rond. Par ailleurs, ceux-ci s'interrompent aux emplacements où le mézail (la visière du casque) coulisse sur la bombe, évitant un jour entre les deux parties. Le bord supérieur du mézail, quant à lui, a été biseauté afin de diminuer les prises aux coups. Bien que son pivot droit soit cassé, il est possible d'imaginer que le mézail présentait un montage très serré sur la bombe, en se basant sur son côté gauche, encore fixé. Enfin, ce dernier présente une forme particulièrement complexe à réaliser, avec une fente oculaire extrêmement réduite suggérant une pièce sur mesure et parfaitement ajustée à son porteur.

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Bassinet (ARM-2019-015)

Les pièces d'armure du XIV ͤ siècle qui nous sont parvenues sont extrêmement rares, faisant de ce bassinet une pièce exceptionnelle, même parmi les collections de musées dédiés à l'armement. Outre la forme en ogive caractéristique de ces bassinets de la fin du XIV ͤ siècle, cet exemplaire a la particularité de posséder encore la majorité de ses vervelles, de petits anneaux de laiton rivetés destinés à fixer l'aventail (un col protecteur en maille) au bassinet. La rangée de trous sous les vervelles servait à coudre un rembourrage textile à l'intérieur du casque. Au cours de son histoire, ce bassinet s'est vu adjoindre un mézail, dit à « bec de passereau », qui est en réalité un remplacement du XIX ͤ siècle, mais dont la forme correspond à ce type de casque.

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Grand bassinet funéraire (ARM-2019-021)

Ce grand bassinet, à l'origine un casque destiné à la joute, présente la particularité d'avoir été modifié pour être utilisé dans un contexte funéraire, suspendu au dessus de la tombe d'un chevalier. Bien que caractéristique des pratiques funéraires des combattants nobles, la plupart de ces casques ont de nos jours disparu. Les modifications apportées incluent l'ajout d'une plaque de protection frontale rivetée au casque, et d'un crochet de suspension introduit sur sa partie supérieure. L'avant du bassinet, sous la plaque frontale, semble avoir été découpé grossièrement, laissant même voir une trace d'arrachement. Il s'agit donc peut-être du réemploi d'un casque fortement endommagé qui ne pouvait plus être utilisé au combat. Si la plaque frontale, ajoutée tardivement, est d'une réalisation relativement grossière, le bassinet en lui-même est en revanche particulièrement soigné et présente une forme complexe qui épouse les contours du crâne et de la nuque du porteur.

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Tête de hache d'armes (HAS-2019-004)

Bien que son état de conservation soit nettement inférieur à celui d'autres haches d'armes dans nos collections, cette pièce n'en est pas moins intéressante. En effet, nombre de haches d'armes ont subi au cours des siècles diverses restaurations et modifications qui ont altéré leur aspect originel. En revanche, il est à peu près certain que cette tête de hache d'armes, issue d'un contexte archéologique, n'a pas fait l'objet de modifications. Elle est dotée d'une pointe dite en bec de corbin, d'un mail présentant quatre pointes, et d'une dague. Cette dernière est de section carrée, assurant une pointe rigide pour les estocs. Le bec de corbin, également de section carrée à sa base, se transforme rapidement en section losangique. Avec sa forme recourbée, il peut permettre d'attraper son adversaire et de porter des coups particulièrement violents. Enfin, le mail présente quatre pointes, espacées par forgeage, offrant ainsi une plus large zone d'impact. Il est décoré à sa base d'une bande de laiton incrustée. Le mail permet de sonner son adversaire et éventuellement de déformer les plaques les plus fragiles de l'armure. Bien que généralement moins connue, la hache d'armes fait partie, avec la lance et l'épée, de la panoplie classique du combattant noble au XV ͤ siècle ; il est donc particulièrement intéressant de disposer d'un exemplaire inaltéré de ce type d'armes.

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