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Château de Castelnaud

Des armes à (re)découvrir

L'équipement militaire médiéval est un champ d'étude complexe, en raison de la grande diversité des formes de cet équipement. Il s'agit également d'un thème de recherche relativement récent. Il faudra attendre les années 1980 pour que les historiens commencent à s'intéresser à l'histoire militaire médiévale, sous l'impulsion notamment de Philippe Contamine. Pour cette raison, certains types d'armes sont moins connus que d'autres, amenant à des découvertes particulièrement intéressantes.

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Fer de lance (HAS-2019-002)

Ce fer de lance, simple en apparence, est en réalité une production de la période carolingienne, aux alentours du IX ͤ siècle, ce qui en fait l'une des pièces les plus anciennes du musée ! Outre la forme caractéristique de ce type d'armes (voir BONNAMOUR L. (dir.). Du silex à la poudre ... 4 000 ans d'armement en Val de Saône. 1990. pp. 163-165.), on distingue d'autres signes distinctifs. L'oxydation ancienne du fer révèle la structure du métal, travaillé sous une forme feuilletée par replis et soudures successives, typique des fers de lance, épées et scramasaxes de cette période. On peut également observer des traces d'ornements, là encore caractéristiques, sous la forme de rainures, à l'origine garnies d'un autre métal, sur la douille et les ailettes.

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Épée d'enfant (BLA-2019-020)

Les épées d'enfant sont rares, et souvent confondues avec des dagues. Pourtant, plusieurs indices permettent d'affirmer que nous sommes bien ici en présence d'une épée miniature. Aucune dague de cette forme n'a été repérée parmi les collections d'autres musées connus pour leurs riches collections. Insuffisant cependant pour appuyer notre hypothèse ; nous avons alors appliqué, avec succès, certains des grands principes géométriques régissant la forme des épées médiévales, tels que définis par Peter Johnsson (voir GROTKAMPS-SCHEPERS Barbara, IMMEL Isabell, JOHNSSON Peter, WETZLER Sixt. The Sword – Form and Thought. 2015). Nous avons alors constaté que notre objet correspond bien à l'un des modèles définis par cet auteur, prouvant qu'il s'agit bien d'une épée d'enfant.

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Messer (BLA-2019-008)

« Messer » signifie littéralement « couteau » en allemand ; dans la typologie des armes médiévales, le terme « messer » désigne une sorte de grande dague à un seul tranchant, autant utilisée pour un usage militaire qu'utilitaire. Il présente une poignée similaire à celle d'un couteau, réalisée par rivetage de deux plaquettes sur la soie (tige métallique prolongée par la lame) de l'arme, et dotée d'un pommeau qui se fond dans la poignée. Le messer conservé dans nos collections présente les caractéristiques habituelles de ce type d'armes, mais aussi quelques différences exceptionnelles. En effet, la soie de notre messer traverse la fusée avant d'être rivetée sur le pommeau, une construction d'ordinaire réservée aux épées. Autre particularité, le pommeau présente une symétrie presque parfaite, alors que la très grande majorité des pommeaux de messers sont asymétriques et dotés d'une sorte de bec bloquant les doigts de l'utilisateur sur la fusée. L'arme conservée dans les collections du musée, bien qu'entrant de toute évidence dans la catégorie des messers, présente donc des caractéristiques particulièrement rares pour ce type d'armes.

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Épée (BLA-2019-006)

Si certaines épées de la fin du Moyen Âge sont particulièrement légères (moins d'un kilogramme) et maniables, certaines sont en revanche nettement plus massives, car adaptées à une utilisation bien spécifique. C'est le cas de cette épée destinée à être employée avec une technique d'escrime bien particulière, la demi-épée. Dans le cadre de cette technique, l'arme n'est plus tenue avec les deux mains sur la poignée, mais comme une petite lance avec une main positionnée directement sur la lame. Cette technique offre un très bon contrôle de la pointe pour frapper avec précision, renforce la rigidité de la lame, et permet des coups d'estocs violents, autant de qualités nécessaires aux combats en armure au cours desquels les coups sont portés dans les interstices de la dite armure. Cette épée présente un point d'équilibre avancé (à 13,5cm de la garde), une lame particulièrement épaisse (jusqu'à 1,33cm !) et très rigide (certaines épées sont plus flexibles, pour absorber les chocs), ainsi qu'une pointe effilée, facilitant la pénétration lors des coups d'estocs. Très peu de ces épées destinées à la technique de la demi-épée nous sont parvenues, faisant de cette lame un des trésors des collections du musée.

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